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TEXAROMA / BLACK MULE (Gratuit)
le 26 mars 2010

LE TAMBOUR (Université de Rennes II Villejean) RENNES
35 photos : Jean-Marc Loisil / Myspace Black Mule

Un concert à Rennes de deux groupes locaux fortement influencés par le rock sudiste, en général, et l'Allman Brothers Band en particulier, voilà un événement à ne pas manquer! Quand en plus on sait que l'on aura sur scène des musiciens sympathiques et compétents, il aurait fallu trois jambes de bois pour ne pas être présent.

Les deux groupes ont accepté de servir de support à une évaluation universitaire sur le son dans le cadre de la formation "Arts du Spectacle" délivrée par l'Université de Rennes II. Profitant de l'occasion, le concert sera aussi filmé avec un luxe de moyens peu banal pour ce type de concert. Qu'on en juge : pas moins de cinq caméras : deux fixes classiques, une portée à l'épaule, une mobile sur un rail tournant autour de la scène et une travelling montée sur une grue! Le concert doit être diffusé, de plus, sur Radio Campus ainsi que sur Internet (voir ci-dessous) et les étudiants ont reçu l'appui de deux techniciens de Radio France.

L'évènement a eu lieu au Tambour, auditorium très confortable de l'Université. Malgré les annonces multiples et la gratuité, peu de personnes extérieures à l'Université ou aux deux groupes se sont déplacées, situation déplorable mais hélas désormais courante à Rennes qui semble avoir définitivement enterré son passé de ville rock.

A Black Mule l'honneur d'ouvrir le bal. Ce groupe local formé il y a trois ans maintenant en alliant, à la rythmique, la fougue d'une jeunesse marquée par les groupes de Warren Haynes et, aux guitares, l'expérience et le bagage de deux quadragénaires rompus aux subtilités du rock, possède un répertoire de reprises entre rock briton puissant et rock sudiste. Des compositions originales pourraient bientôt voir le jour, leur problème récurrent de chanteur ayant été résolu par la prise en charge de la tâche par David, le bassiste du groupe, qui s'occupait autrefois des chœurs. Leur nom a été choisi en raison d'affinités avec Gov't Mule et… Richie Blackmore, fort apprécié par les musiciens, à moins que ça ne soit Black Sabbath…

BLACK MULE

VIVIEN PRIMAULT : Batterie
MICH' LEGUEN : Guitare
PHIL MARZIN : Guitare
DAVID BERTHELOT : Basse & Chant

Intro / Goin' Down
Maybe I'm A Leo
Superstition
Rocking Horse
Blacknight
End Of The LineJesus Just Left Chicago
Blindman In The Dark
30 Days
Bad Little Doogie
Follow Me

Toujours est-il qu'après un retard d'environ 45' (!), probablement dicté par les conditions d'examen, le groupe attaque franco de port sa set-liste devant un parterre d'une centaine de personnes composé essentiellement d'étudiants, d'enseignants et de parents et amis. Bien que ce fût seulement le deuxième concert de David au chant solo, où il démontre d'ailleurs de belles dispositions qu'il conviendra de développer, le groupe livre une prestation très énergique, enthousiaste et plus qu'honnête. Pas de problème, ça déménage. Il y a de la qualité dans les musiciens et probablement une bonne marge de progression. Bien que perfectible sur certains points (pas –encore?- de chœurs, stabilisation de David au chant solo, manque de rythme aux changements de guitare, évolution du répertoire…), le groupe offre quelques promesses encourageantes et il sera intéressant de suivre leur évolution. Le public ne s'y est pas trompé et leur a réclamé un rappel mérité.

TEXAROMA

Rémy BONNET - guitar & vocals
Herbert LE DIVENAH - bass & vocals
Gwendal LE JOSSEC - drums

Intro
Nos Futurs
Sco-Mule
Gambler's Roll
Pete'R Pan
Whipping Post
Eriner I
Eriner II
Black Hearted Woman
555 Lake

La vedette de la soirée, statut oblige, c'est quand même Texaroma, fort de ses deux albums réussis entre blues à la Allman, incursions jazzy et longues plages musicales façon jam band. Cela faisait un petit moment que je n'avais pas entendu les trois lascars en électrique. Et là, je dois reconnaître que c'est assez bluffant, à l'image de leur version de "Whipping Post" qui ne se ressent absolument pas d'une composition de formation de seulement trois musiciens. Mêlant titres originaux et quelques reprises, le groupe nous entraîne progressivement dans son tourbillon, appuyé sur une rythmique précise et ultra efficace : Gwendal, très affairé, au four et au moulin, contrastant avec Herbert, concentré dans son monde quand il n'est pas au chant (en particulier sur les morceaux originaux), et délivrant ses notes avec la plus totale économie de mouvements. De son côté, Rémy semble avoir encore progressé et enjolive les morceaux de fantastiques parties de guitare tout en continuant à chanter des morceaux des Allman avec une voix de vieux bluesman collant parfaitement avec les titres (prestation sur "Gambler's Roll"!). Certes, le répertoire paraîtra trop jazzy et trop progressif aux fans de Molly Hatchet, qui risquent de se sentir en mal d'adrénaline, mais outre l'influence déjà citée de l'Allman Brothers Band, les fans de Johnny Neel, Gov't Mule, Grateful Dead, Sea Level, .moe, Phish, Widespread Panic… se sentiront en pays de connaissance.

Confortablement installé dans mon fauteuil, je me laisse prendre à l'enchantement. Les minutes défilent sans qu'on en prenne conscience, totalement emporté par la musique. Texaroma agit un peu comme les derviches tourneurs et arrive à vous mettre dans une sorte de transe qui abolit votre environnement au fil des longues parties instrumentales. Pas une musique pour pogoter, ça non, bien que cela reste indubitablement une forme de rock, plutôt une subtile complexité à savourer tranquillement, posé sur un support agréable et prêt à décoller. Et là, croyez-moi, le charme agit et on finit par revenir à la réalité plusieurs secondes après la dernière note, avec l'impression d'avoir effectué un beau voyage. A quand le troisième album?
Si vous voulez juger par vous-mêmes, ce concert est disponible sur Internet
( http://www.sites.univ-rennes2.fr/webtv/appel_film.php?lienFilm=366 )
et vous permettra aussi d'apprécier la qualité du travail de l'équipe de production,
sans pour autant remplacer l'ambiance concert. Moi je dis que les absents ont eu tort…

Y. Philippot-Degand